En finir avec les notes en primaire : certains instits en rêvent, quand d'autres crient au cache-sexe… On commence par Julie. Cette jeune enseignante (24 ans) de CE2-CM1 n'en peut déjà plus d'attribuer des notes à ses élèves. «C'est un élément de stress et de pression inutile. Une mauvaise note peut faire mal et n'est pas significative du travail effectué par l'enfant.» Impossible de donner son nom, ni celui de son établissement : les parents risquent de ne pas cautionner l'avis de la maîtresse. «Ce sont eux qui sont le plus demandeurs de notation. Ce sont eux qui mettent la pression. Ils ont besoin du cadre des notes pour se rassurer, s'assurer que leur enfant suit.» Alors, Julie continue à noter. Avec des chiffres. Mais en prenant soin, en cas de mauvais points, de dédramatiser. «Je dis à l'élève que c'est un accident. Que c'est le travail qui a été raté. Que ce qui compte, c'est apprendre.»
«Moyenne». En plus des notes, Julie, comme tous ses collègues, doit remplir un livret de compétences. Obligatoire depuis 2005. Si chaque enseignant peut à sa guise distribuer des A, des 20 ou rien, il doit procéder à «une évaluation par connaissances et compétences» acquises ou non par l'élève de 6 à 16 ans. Et l'inscrire dans un livret. «On sait très bien que les parents n'en ont rien à faire de ce document : ils vont directement à la page "moyenne de l'élève" !»
A désespérer ? Les «mentalités sont en train de changer»,