Comment se fait-il qu’on ait le sentiment d’avoir de moins en moins de temps alors même que la technologie est censée nous en faire gagner ? Depuis un petit mois, Google Instant, en français «la recherche en temps réel», est entré dans nos vies. Si des spécialistes ne nous l’avaient pas notifié, on n’aurait même pas remarqué cette innovation, qui peut-être pourtant nous manquerait sans qu’on puisse formuler cette absence, si elle était supprimée.
Depuis quelques semaines, on s'est habitué à ce que dès qu'on tape une recherche sur Google, des sites nous soient proposés avant même qu'on ait écrit la requête complète. Autrement dit, Google lit dans nos désirs, et s'il ne se trompe pas, grâce à ce gadget, on économise, selon ses instigateurs, «deux à cinq secondes» par recherche individuellement, et «3,5 milliards de secondes par jour, soit l'équivalent de cent onze années libérées à chaque tour de terre», à l'échelle de la planète. Pas mal, même si ce calcul nous échappe ! Qu'est-ce qu'on va faire de toutes ces années en plus, surtout si on ne se rend compte de rien ? Comment ces cent onze années sont-elles réparties ? Est-ce qu'on rajeunit ? Ou au contraire, à force de tout faire «en temps réel», s'enchaîne-t-on à un présent perpétuel, qui bannit le passé, mais aussi toute possibilité d'anticipation, de rêve, de projet, et aussi l'attente, tant ce qui compte, c'est d'obtenir satisfaction sans délai ?
Les échanges par mails, qui parviennent pourtant de plus en p