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Libération

«Pas de gaz, pas de douches, pas de repas chauds…»

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publié le 29 novembre 2010 à 0h00

Dès que la nuit tombe, Françoise est dans le noir. Retraitée, elle vit à Bergerac (Dordogne) avec un peu moins de 670 euros par mois. EDF lui a coupé l'électricité ce mois-ci parce qu'elle a payé ses factures en retard. Françoise se couche à 17-18 heures, et pour le reste, se débrouille. «Tout ce qui est nourriture se trouve chez la voisine», explique-t-elle. Elle y recharge son téléphone portable. Le soir, pas de télé, plus de lecture, elle tricote.

De 20 à 56 ans, Françoise a occupé des emplois précaires. Elle vit seule mais a tissé des liens affectifs avec ses voisins. Les premiers jours de la coupure elle «avait décidé de partir» (mourir, ndlr). Françoise est sortie de sa réserve parce qu'elle pense aux familles avec enfants à qui cela arrive et qu'elle trouve cela «honteux». Françoise est une ancienne soixante-huitarde et avoue ne pas en être «très fière, vu les résultats». Le journal qui publie son histoire (1) rappelle dans un encadré : «Pour trouver une solution adaptée à votre situation, n'hésitez pas à joindre un conseiller EDF Bleu ciel.»

Bleu ciel. Comme le temps qu'il faisait en juin quand on a coupé le gaz à Jocelyne. Elle payait pourtant ses factures mais Gaz de France s'est trompé dans les chiffres et lui a prélevé indûment 600 euros. Jocelyne a réclamé le remboursement, en vain, puis a décidé de ne plus payer. Coupure. Jocelyne a pris un avocat «pour obtenir et payer des factures exactes». Jocelyne