Ils ne comptent plus les bonnets et les gants offerts aux transports publics. Ils payent régulièrement leurs impôts, majorés, deux semaines après l'échéance. Ils ont posé des lapins involontaires à des dentistes dont ils avaient pourtant harcelé la secrétaire. Quand ils cherchent leur permis, ils le trouvent souvent dans le frigo… L'étourderie leur colle à la peau. Il n'est pas rare qu'on leur glisse : «Tiens, j'ai pensé à toi l'autre jour, j'ai cherché pendant dix minutes les lunettes que j'avais sur le nez.»
Langouste. Même s'ils en rient (jaune), les têtes en l'air pestent intérieurement contre leur manie de vivre dans la lune. Et pourtant, ils sont nombreux sur l'astre… Pas moins de 180 000 effets personnels atterrissent chaque année au service des objets trouvés de Paris, depuis les classiques portefeuilles jusqu'à la surprenante langouste naturalisée, en passant par les urnes funéraires pleines, les fauteuils roulants et les doudous d'enfants. Un quart environ de ces objets sont réclamés et rendus. Sur Internet, les forums de têtes en l'air pullulent. On assiste même à de petits concours sur le thème «Moi, j'ai fait pire…» qui tentent de conjurer le mauvais sort.
Mais on trouve aussi des messages de personnes désemparées, qui ne comprennent pas pourquoi leur mémoire leur joue des tours. «Contrairement à la maladie d'Alzheimer ou aux pertes de mémoire dues à l'âge, l'étourderie n'a rien à voir avec le stockage ou la restitution de souvenirs»,