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Libération

Un beaujolais nouveau qui se hâte avec lenteur

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publié le 10 décembre 2010 à 0h00

C’est un vin à ne pas boire en même temps que tout le monde. Un vin qu’il faut attendre. Un beaujolais nouveau, mais dégusté de longs mois après sa mise en bouteille, au lieu de le siffler avec tout le monde le troisième jeudi de novembre. Un primeur vieille vigne de Pierre-Marie Chermette, vigneron du Sud-Beaujolais. L’homme est amusant. Il travaille proprement, de façon assez traditionnelle, mais présente la particularité de se retrouver très gai dès qu’il boit quelques verres de vin. Comme tout le monde, il vend une partie de sa production en primeur, dès novembre. A l’origine, c’était plutôt une bonne idée. Une grosse fête mondiale qui faisait du bien à la renommée tout en assurant une trésorerie précoce. Mais cela a tourné au foutage de gueule planétaire, beaucoup ayant pris l’habitude d’écouler à cette occasion des jus plus que médiocres, camouflés derrière le fameux goût de banane. L’imitation d’un arôme naturel que l’on peut trouver sur le gamay en cours de vinification (normalement il se détecte en bouche, pas au nez).

Cela s’obtient avec une levure sélectionnée, l’acétate d’amyle, qui mériterait le tribunal pénal international pour les ravages qu’elle a causés. Certains viticulteurs pasteurisant en plus leurs cuves, ils tuent les centaines de levures naturelles qui se relaient normalement pour fabriquer le vin. Il ne reste que la banane Haribo, le cassis exacerbé ou le bonbon anglais des sinistres adjuvants.

Chermette ne joue pas de ces cartes-là. Depuis longtemps, s