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Soldes comme…

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Rabais. Alors que débute aujourd’hui l’hystérie collective, un psychosociologue décrypte le phénomène.
Marseille, le 11 janvier 2011. (Jean-Paul Pelissier / Reuters)
publié le 12 janvier 2011 à 0h00

C'est ce matin dans toutes les villes de France : des scènes d'hystérie, des gens prêts à tout pour un bout de chiffon «pas cher», à l'image de cette scène d'anthologie d'Au bonheur des dames (Zola, 1883), rayon tissu. Un peu plus de cent ans que ça dure, ce numéro de «je cours acheter des tas de trucs en pensant que je fais des économies» alors qu'en fait c'est le grand capital qui refourgue ses rossignols de l'an passé. Bref, le concept de soldes est né avec les grands magasins dont Zola raconte la naissance et la vie dans son roman, trente ans après que le Bon Marché a vu le jour.

Le Bon Marché, une petite boutique à quatre rayons à cette époque, qui, une fois rachetée par le célèbre Aristide Boucicaut, deviendra le symbole de cette «révolution commerciale». Boucicaut était un ancien employé de Simon Mannoury, qui avait d'abord lancé le premier grand magasin (quoique modeste) le Petit Saint-Thomas en 1830 à Paris. Mannoury serait aussi l'inventeur du concept de soldes : il aurait organisé les premières vastes opérations de déstockage saisonnier, en baissant en été et en hiver le prix des produits en rayon. L'homme d'affaires avait aussi mis en place des expositions temporaires, les prix affichés, la vente par correspondance et selon certaines sources, acheté un âne pour promener les enfants dans le magasin. Un visionnaire, quoi.

Aristide Boucicaut, en plein boom économique du Second Empire, adapte l’architecture de son magasin à l’augmentation de