On est retombé sur son vin l’autre soir au restaurant, parce qu’il fallait tenir compagnie à un bar au fenouil. Le patron a ouvert une cuvée Gilbourg de Benoît Courault, vigneron de l’Anjou que l’on avait croisé à la Cugnette, petit salon bien fourni qui revient ce week-end (1) à côté de Lyon. Le jeune homme était à l’époque invité pour la première fois, et il semblait sauvage, réservé. Ses vins parlaient pour lui. Droits, vifs, complexes. Quelques mois plus tard, on avait fait un détour par chez lui pour comprendre son travail et on l’avait trouvé dehors en train de préparer, dans une grande marmite, une décoction de prêle pour traiter ses vignes. Il était en conversion bio sur un petit domaine intéressant, acheté après un long détour.
A 15 ans, en apprentissage, il rangeait la cave d'un restaurant, ce qui aurait suffi à éveiller sa curiosité. Quelques années plus tard, une école de sommellerie a suffi à épuiser le sujet. Ce qui l'intéressait, c'était de faire du vin, pas de le servir. Il a alors appris la vinification à Beaune (Bourgogne), fait de belles rencontres : Marcel Lapierre (Morgon), Yvon Métras (Fleurie), Eric Pfifferling (Tavel). Ne restait qu'à trouver des terres. Un vieux vigneron lui a cédé près d'Angers des vieilles vignes, les plus anciennes remontant à 1905. Au total, 7,2 hectares, qui produisaient peu parce que les vignes étaient peu entretenues, puis le démarrage en bio, difficile. Désormais, les rendements lui conviennent (20 à 25 hectolitres à l'hectare