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Libération

Bêle, bêle, bêle, comme le jour

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Tu mitonnes ! Chaque jeudi, passage en cuisine. Aujourd’hui, le mouton version Irish stew.
Irish stew. (lisacericola/flickr)
publié le 20 janvier 2011 à 0h00

Tous les dimanches soirs, Gilles prend la route car il aime arriver tôt là où il doit travailler le lundi matin. Gilles installe des présentoirs dans les grandes et moyennes surfaces de province. Trente ans que ça dure. Il avait tâté un peu de la menuiserie avant de partir au service militaire à Fribourg, en Allemagne. A la quille, un copain du régiment l’a fait embaucher dans l’agencement de magasins.

Présentement, Gilles se bat avec les essuie-glaces et la ventilation antibuée de sa nouvelle camionnette. Ça fait deux heures qu'il roule dans cette nuit d'encre où il pleut des cordes. Gilles a monté le son de la radio pour écouter Riders on the Storm des Doors. Puis, il s'est surpris en train de fredonner le Loir-et-Cher de Michel Delpech. Dans un bourg, il aperçoit le camion solitaire d'un marchand de kebabs garé sur le parking d'un Super U. Il effleure le siège passager à la recherche de sa carte routière - Gilles est «allergique» au GPS -, mais elle est tombée dans le dernier virage. Il se repère sur le grand pont qu'il vient de traverser. Après, c'est le premier chemin à droite de la rivière pour atteindre le Pavillon bleu. Une fameuse auberge que l'on se refile entre pêcheurs. Gilles est «carpiste», comme son copain Michel qui lui a donné l'adresse. Ensemble, ils passent des nuits blanches au bord des étangs pour traquer «une grosse mémère». La dernière carpe faisait 9 kilos. Elle aurait pu être dans le journal. Ce so