Sont-ils devenus fous ? Le Centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP) d'Epernay, près de Reims, a eu une drôle d'idée. L'association gestionnaire a installé trois caméras de vidéosurveillance dans les nouveaux locaux afin, dit-elle, d'assurer la «sécurité» des enfants. Ces caméras sont sans équivoque : elles filment le sas d'entrée, la salle d'attente, ainsi que le couloir donnant accès au secrétariat et aux différents bureaux de soins, puis les images sont diffusées sur un écran dans la salle du personnel et conservées trois jours.
Diantre, que se passe-t-il ? Le CAMSP serait-il en danger, menacé par des gangs d'enfants autistes, prêts à en découdre ? Voire par des hordes de bébés en souffrance ? Voilà un lieu, en tout cas, qui vit sur un fil, où se nouent et se dénouent de grandes fragilités humaines, de grandes inquiétudes aussi. On pratique ici, selon la terminologie administrative, des soins ambulatoires. Pour des enfants «de 0 à 6 ans présentant ou susceptibles de présenter des retards psychomoteurs, des troubles sensoriels, neuromoteurs ou intellectuels avec ou sans difficultés relationnelles associées».
Cela fait près d'un an que cet œil d'Orwell a été installé. Pendant des mois, l'équipe a eu peur de réagir. Et voilà qu'elle s'est réveillée. Elle vient de lancer une pétition : «Nous, équipe du CAMSP en contact direct avec le public accueilli, dénonçons fermement ce dispositif qui va à l'encontre de nos valeurs professionnelles et de notre éth