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Interview

«Je pensais avoir au moins accès aux informations médicales»

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Agathe . 30 ans, née grâce à un don de sperme, a saisi la justice pour connaître l’identité de son géniteur :
publié le 9 février 2011 à 0h00

«Il y a quinze mois, j'ai appris comment j'avais été conçue. Mais je me suis toujours posé des questions, j'ai longtemps pensé que j'étais adoptée. Je savais que mes parents avaient eu des difficultés pour nous avoir, mon frère et moi. Curieusement, je me suis spécialisée en droit de la bioéthique. Mon frère a toujours trouvé qu'il ne ressemblait pas à notre père. En fait, nos parents s'étaient mis d'accord pour ne pas nous mettre au courant des conditions de notre naissance. Au Cecos (Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme), on leur avait dit : "Rassurez-vous, l'enfant ressemblera au père", sous-entendant qu'il ne fallait rien dire. Ma mère, qui travaillait dans la petite enfance et était imprégnée de Dolto, le vivait mal. Mais mes parents avaient peur que cela nous déstabilise, ils savaient que la révélation serait aussi source de frustration, parce qu'incomplète. S'il n'y avait pas eu cette règle de l'anonymat, ils nous l'auraient dit plus tôt. Ils ont été placés dans une position inconfortable. Eux comme nous savons juste que nous n'en saurons jamais plus.

«Quand ma mère nous a dit qu’ils avaient eu recours à un donneur, j’ai appelé mon père pour lui dire que nous l’aimions, que cela ne changeait rien pour nous et pour le remercier du courage dont il a fait preuve. Je crois que mon père était soulagé qu’on l’apprenne. Et cela a renforcé nos liens. Le donneur n’est pas un concurrent, il n’y a pas de crainte à avoir. Et mon père comprend que j’ai b