«Quand j’ai donné, j’avais la trentaine et déjà deux enfants, c’était un acte calme et posé, pas du tout irraisonné. Mais à l’époque, il y a trente ans, je ne mesurais pas le mal-être que l’absence d’informations sur le donneur peut créer chez des personnes qui sont nées par insémination avec donneur (IAD). Il faut dire aussi qu’à l’époque on n’a pas eu de véritable accompagnement psy.
«Quand j'ai donné, c'était parce que j'allais subir une vasectomie, et je venais au Cecos pour conserver mes gamètes. On m'a proposé d'en donner, j'ai accepté très facilement. Je connaissais des couples qui avaient eu des difficultés pour avoir un enfant. Au début, l'anonymat ne m'a pas surpris. C'était comme un rempart, je me disais : "Très bien, comme ça, on n'aura pas d'histoires, on ne me réclamera rien, on est hors marchandisation." Mais je ne me doutais pas que quinze, vingt ans plus tard, des jeunes gens voudraient connaître leur donneur.
«A cette époque, je pensais seulement au bébé, pas à une personne qui allait devenir un ado, puis un adulte. J’étais un peu naïf, je voyais ça comme un geste généreux et très simple. Comme un don d’organe ou de sang. Mais je sais aujourd’hui que cela a une autre portée. J’ai aidé à la conception d’un être humain. Je me rends compte que j’ai fait don d’un bagage génétique, mais que les enfants issus de ce don n’ont pas le droit de raccrocher les wagons d’une partie de leur histoire. Quand j’ai entendu les premiers nés par IAD parler d’eux, j’ai e