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Libération

Vieux et jeunes à tous les étages

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publié le 14 février 2011 à 0h00

«Qu'est-ce que ça te fait d'imaginer que tu vas te taper un vieux toute l'année ? J'espère pour toi qu'il est sympa ?» C'est le genre de phrases que doivent prononcer, entre eux, en fin de soirée, les étudiants sans le sou qui adhérent à l'association Maill'âges, basée à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Maill'âges échange la solitude des vieux contre la précarité des jeunes (1). Une chambre gratos en ville (de zéro à 50 euros, en fait) contre un peu de présence humaine : l'échange fait partie des idées originales que produit la période. Pierre, le responsable de cette association, née voilà deux ans, s'est aperçu que de plus en plus de familles avaient du mal à s'en sortir. L'appartement du petit dernier qui poursuit ses études devient une charge insupportable. Pierre de Nodrest l'a constaté, des étudiants eux-mêmes connaissent des fins de mois difficiles. Certain(e)s d'entre eux (elles) recourent même à des travaux pratiques nocturnes sur les boulevards pour joindre les deux bouts. Alors, pour éviter tout ça, depuis deux ans, Pierre organise les castings de cohabitation, choisit, explique, convainc.

Pas question de se planter. Plus d'une heure d'entretien pour cerner les besoins, convaincre les réticents, éviter les malentendus. Il en a entendu et vu de belles, Pierre. Des retraités saisis du démon de Midi. «Il serait bien que je la baise de temps en temps, l'étudiante», a ainsi demandé un homme, qui n'avait visiblement pas compris le sens de la démarch