Qu'elles sont impressionnantes, ces femmes en noir et blanc, en robes Belle Epoque, foulant de leurs bottines le sol parisien, devant les Tuileries, ce 5 juillet 1914. Regard déterminé sous les chapeaux et voilettes, d'un âge tout à fait certain, elles sont, ces suffragettes, autorisées pour la première fois à manifester. Des combattantes de la cause des femmes, au rang desquelles on compte Caroline Kauffmann (qui dirige la Solidarité des femmes), Séverine (journaliste), Marguerite de Witt-Schlumberger (petite-fille de François Guizot et présidente de l'Union française pour le suffrage des femmes), Lydie Martial (fondatrice de l'Union de la pensée féminine)… Et tout à gauche, il y a Marguerite Durand, «la frondeuse», la journaliste, la créatrice de la bibliothèque qui porte son nom, la comédienne, la boulangiste que certains connaissent aussi comme la fondatrice du cimetière des chiens d'Asnières (lire ci-contre). Cette photo-là figure en format énorme au pied de l'escalier de la Galerie des bibliothèques à Paris, comme un symbole du sens de cette exposition «Photo, femmes, féminisme, 1860-2010, collection de la bibliothèque Marguerite-Durand» (1) : cent cinquante ans d'histoire, en 212 photos de femmes, sur les femmes, faites par des femmes, sorties du fonds des 4 000 clichés de la collection amassée au cours de sa vie. Avec une double ambition : conserver une trace des femmes présentes dans l'espace public et archiver les témoignages de leurs mobilisations.
Les belles époques des militantes
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La belle époque - Cléo de Mérode (1875-1966), danseuse française du corps de Ballet de l'Opéra de Paris, en tenue de ville. 1893. Elle mena une carrière internationale de 1898 à 1914. Photographie anonyme. Paris, Bibliothèque Marguerite Durand. (Bibliothèque Marguerite Durand / Roger-Viollet)
par Emmanuèle Peyret
publié le 23 février 2011 à 0h00
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