Evidemment, puisque les couleurs ternes et élégantes étaient de mise cet hiver, le vif, voire le criard, reprend du poil de la bête ce printemps. Et l’on est censé passer du chic camel, au vert Stabilo, sans tomber dans le ravin des contradictions. Grosse arnaque, le camel ! On peut le dire maintenant, c’est moche et ça n’a pas pris. Ce n’était jamais qu’une manière de nous rouiller l’allure. Le corail, on ne dit pas. Change-t-on de goûts comme de chemise ou est-ce l’inverse ?
Pourquoi les adultes, qui revendiquent une autonomie globale, éprouvent-ils le besoin d’adopter les codes couleurs d’une saison, à la manière des ados qui signalent leur appartenance à leur tribu, grâce à une coupe de jeans ou de cheveux ? D’autant que les tendances sont toujours accompagnées d’une philosophie portative. «Enfin une mode qui nous fait aimer à nouveau la mode, ne nous déguise pas en gamine, et renoue avec l’éternel féminin», pouvait-on lire en substance dans les journaux féminins, à propos des camaïeus de beige de la saison automne-hiver. Désormais, vive le flashy pop, à bas l’éternel féminin ! En matière de genre ou de nouvelle féminité, on optera pour le violet violent des primevères, premières fleurs du printemps et toutes hermaphrodites, mais qui disposent de trois manières de l’être. Ou pour le vert des trèfles, qui ont plus de cent sexes différents, mais un seul genre. Dommage qu’ils ne soient pas doués de parole !
Force est de constater, pourtant, que les couleurs de ce printemps ne