Dans un bruit sec de planches qui claquent contre le ciment, Malik s'élance, plié en deux et tee-shirt au vent, dans les fosses incurvées d'un skate-parc parisien. Il se sait observé mais ne croise aucun regard, excessivement concentré sur ses figures. «Quand je glisse, je suis dans mon monde, je ne vois personne. Je pense juste à ce que je fais : c'est comme si je sautais du haut de la tour Eiffel.»
Le skate-parc couvert de la porte de la Chapelle, à Paris, est bondé ce samedi. Dehors, il pleut. Lylia, Camélia et Nanouche, préfèrent chausser des rollers «parce que ça fait comme des talons» et tentent de s'imposer parmi cette foule de garçons téméraires. «Le problème, confie Camélia, c'est qu'il n'y a pas de panneau pour donner la priorité.» A chaque fois qu'elle veut s'élancer, un skateur lui fait une queue de poisson. «Pars en position de la mamie, t'y arriveras mieux», lui crie sa sœur. Faire «la mamie», c'est partir assise sur le rebord de la fosse : un truc de débutant. Les garçons, eux, semblent avoir dépassé ce stade depuis longtemps. «Ce sont presque des professionnels», concède Nanouche. La plupart viennent tous les mercredis, les samedis et aussi les dimanches. L'entrée est gratuite.
Dans la «fun box», conçue pour rapidement prendre de la vitesse et faire des sauts, c'est à celui qui tentera la figure la plus spectaculaire. Des rollers s'envolent et