Amis becqueteurs, cette semaine, c'est du lourd. Pas de la croque de souris, du frichti de julot casse-croûte ou du rogaton de bourgeoise mal emmanchée. Nous, on va tortorer, grailler, bâfrer, s'en fourrer jusque-là, gnafrer, boulotter, croûter. Bref, s'en faire péter la sous-ventrière grâce à un beau plat de résistance : Le San-Antonio se met à table de l'auteure culinaire Blandine Vié (1). Soit près de 40 pages mijotées aux petits oignons et copieusement arrosées de picoles et de flacons de raide à la gloire de Frédéric Dard et de son poulet préféré, San-Antonio. C'est que Blandine Vié le dépiote grave, notre commissaire préféré, pour montrer à quel point la becquetance est fondamentale pour l'écrivain et son «San-A» : «San-Antonio joue avec la nourriture pour faire de la chère la chair de ses mots. Ainsi, il utilise de manière pléthorique des mots, des termes ou des expressions appartenant au registre culinaire.»
Et quand il n'en truffe pas ses répliques, San-Antonio accommode la bouffe dans tous ses faits et gestes : au bercail en train de se régaler des plats de ménage de M'man Félicie ; au bistrot occupé à ripailler avec Béru devant des plats canailles aux saveurs couillues ; ou en dînette plus raffinée quand il sort une mousmée. Qu'il soit en plein Trafalgar, en train de fricasser le voyou ou sur le râble d'une poulette, San-Antonio est toujours dans son assiette : «Tu les vois tous, dans les pires désespoirs, refusant la vie, mais finissant par a