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Libération

Couper court à la précarité

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Reflets. Un salon de beauté social, le premier du genre, vient d’ouvrir à la Goutte d’Or, à Paris, pour des femmes en difficulté.
publié le 12 avril 2011 à 0h00

Ilda a des papillotes en aluminium sur les cheveux. Farida ferme les yeux pendant que la maquilleuse recouvre ses paupières de fard. Nadine, elle, se fait lisser les cheveux. Ça ressemble à un salon de coiffure ordinaire. Avec une vitrine opaque, des miroirs partout, des couleurs flashy aux murs et une déco minimaliste. Où, entre ronronnement des sèche-cheveux et bacs à shampoing, les femmes papotent entre elles et grappillent un peu de bien-être. Sauf qu'Ilda, Farida, Nadine et toutes les clientes présentes sont en situation de précarité. Et que leur dernière rencontre avec une paire de ciseaux se compte bien souvent en années. Si aujourd'hui elles en profitent, c'est parce qu'elles sont chez «Joséphine pour la beauté des femmes» dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris (XVIIIe).

Ouvert depuis le 8 mars, ce salon social, le premier en France, propose aux femmes démunies de se faire coiffer, maquiller et de bénéficier de soins esthétiques pour 3 euros seulement. Ici, la précarité a plusieurs visages. «Chômeuses, en foyer de réinsertion, victimes de violences, endettées», énumère Koura Keita, coordinatrice du salon et ex-assistante sociale. «Notre objectif premier n'est pas leur réinsertion : on veut qu'elles reprennent un peu confiance en elles en se réappropriant leur image.»

Toutes les clientes racontent ce renoncement nécessaire, par manque de temps, d'argent et, parfois, par culpabilité. «Une séance d'épilation coûte 35 euros : a