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Ces hommes stériles par choix

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Tabou. Pour assumer leur part dans la contraception, quelques hommes, en France, choisissent la vasectomie. Une pratique radicale encore perçue comme une castration.
(Anne-Lise Boutin)
par Lisa Vignoli
publié le 20 avril 2011 à 0h00
(mis à jour le 21 avril 2011 à 15h42)

Certains parlent d'un «frémissement». D'autres constatent que des choses bougent vraiment. C'est le cas de l'urologue Franck Bruyère qui voit, chaque semaine, des hommes «consulter pour une vasectomie». Derrière ce mot se cache la stérilisation masculine. Cette méthode de contraception est aujourd'hui très répandue dans les pays anglo-saxons, utilisée par 16% des couples américains (500 000 vasectomies y sont pratiquées chaque année). Outre-Atlantique, ça n'a rien de nouveau. Il y a vingt-cinq ans déjà, dans les rues de New York, des hommes affichaient leur soutien au mouvement féministe en ayant recours à la vasectomie, épinglant avec fierté un badge sur un blouson : «Je l'ai fait, je suis vasectomisé.»

Culture latine. Pour les Français qui ont osé franchir le pas, c'est un geste de plus pour atteindre l'égalité dans le couple. Une sorte d'acte féministe inversé. Marc a passé le cap à 38 ans. «Ma femme prenait des contraceptifs divers et variés depuis vingt ans.» Trois enfants plus tard, il s'est dit que c'était à son tour de participer, qu'après tout, la contraception était «une question de couple, pas une question de femmes». A tel point que, «faire une vasectomie était devenu naturel», confie, convaincu, cet échalas sans chercher à ce qu'on salue sa démarche. Il faut dire que son choix n'a pas suscité que des applaudissements. «Mes amis, même les plus progressistes, même les plus ouverts,