Quelques jours après notre soirée cubi très politiquement correct, rendez-vous est pris avec un auteur de jeux plutôt engagé, Laurent Gerlaud, 37 ans, cocréateur avec son ex-bande des éditions Contrevents et avec Charlie Hebdo du jeu Des thunes et des urnes en 2004 : un gros succès, une affaire de sous et de votes. Après de nombreux jeux, créés avec d'autres camarades, dont les titres parlent tous seuls (Atomic Business, 1, 2, 3, Charter, Fin de droits, la Malédiction des trotskistes, Bouygues l'Enchanteur), cet animateur à Saint-Denis cherche un éditeur pour ses deux petits derniers, Marche ou grève (ou comment sauver collectivement son entreprise) et le Stress du président (ou comment faire élire Kitussé tout en faisant carrière). Il revient pour Libération sur la non-politisation des jeux de société et la difficulté morale de faire du commerce avec des jeux dénonçant le commerce.
«Il y a quatre secteurs maudits pour le jeu : le sport, la sexualité, les différences physiques et nationales, et la politique. On se cantonne donc à l'Egypte ancienne ou au Moyen Age, c'est consensuel et ça n'agresse personne. Je dirais qu'il y a deux approches possibles en ce qui concerne les jeux "militants" : la familiale, qui vise à apprendre aux enfants à mieux faire que leurs parents, et la satirique, pour les adultes, qui défoule, amuse et prêche des convaincus. Il y a plein de jeux sur des thèmes modernes dans lesquels on joue souvent des gestionnaires,