Certains motifs sont continuellement à la mode depuis plusieurs décennies, et peut-être un bon siècle, si bien qu’on a du mal à remarquer qu’ils sont davantage de saison un printemps qu’un autre. C’est le cas du tissu à pois, toujours prêt à dégainer une nouvelle circonférence - délicats plumetis ou faces de pleines lunes ? - et surtout de la marinière, qui ce mois d’avril, innove, en faisant polémique. Nike a en effet choisi d’en vêtir notre fierté, l’équipe de France de foot, qui pourtant court plus après un ballon sur du gazon qu’elle n’est jetée à l’eau.
«Grotesque» peut-on lire sur les blogs des spécialistes, qui s'énervent que des gens qui ne sont pas des marins portent une marinière. C'est pourtant le cas de la majorité qui adopte cette tenue. Depuis A bout de souffle au moins, la marinière symbolise la fraîcheur insouciante et sans entrave de la fille qui se fiche de savoir si elle est dans le vent ou pas, car de toute manière elle l'est, à la manière des matelots qui hissent la voile. La marinière est le signe d'une féminité qui ne s'encombre pas d'elle-même, et d'un masculin qui se débarrasse de lui-même, vêtement unisexe par excellence. Jacques Demy s'est entiché du graphisme des rayures bien avant Jean Paul Gaultier qui en a fait sa marque de fabrique. Si les Bleus ne doivent pas porter de marinière, c'est parce que rien en eux ne dégage cette désinvolture sexuelle et que de plus, ils suent. Qui porte une marinière ne doit pas exhaler d'autre odeur que ce