Une élève de 12 ans découvre que son petit copain l'a «trompée» avec une de ses meilleures amies pendant les vacances. Avec d'autres filles, elle se venge en créant un blog dédié à la «traître», avec sa photo, son nom, son adresse. «Elle est sale, il faut l'éradiquer», écrivent les jeunes blogueuses. C'était il y a cinq ans, l'une des premières affaires de «cyberbullying» confiées à des spécialistes de la cybercriminalité. «On s'est retrouvé à convoquer des dizaines d'élèves, explique Vincent Lemoine, adjudant-chef à la cellule d'investigation criminelle de Paris. On a suivi l'histoire sur Facebook, ça s'est amplifié, ça a dégénéré, déclenché des bagarres à la sortie des cours.» Depuis, le «cyberbullying» a explosé. Beaucoup plus difficile à endiguer que le harcèlement scolaire dans les cours de récré. C'est ce que révèle le rapport d'Eric Debarbieux, directeur de l'Observatoire international de la violence à l'école, remis mi-avril au ministre de l'Education nationale. Et qui a servi de base au plan exposé aujourd'hui par Luc Chatel, lors des assises nationales consacrées au harcèlement scolaire.
Écrans. «Harcèlement» : on applique désormais un mot du monde du travail au monde des enfants. «Dérivé de "herse", l'instrument agricole qui laboure et laisse des traces, le mot fait peut-être peur, mais il reflète bien la réalité, explique Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie. Son prochain livre compilera dix ans de témo