Depuis quelques mois, tout a été écrit sur lui. Dans toutes les langues, sur tous les continents. La table Noma dans toutes les bouches, à fleur de palais. Elu meilleur chef du monde, forcément, ça pose son homme et son restaurant. Du coup, qu'écrire qui n'ait déjà été dit, relaté par d'autres et même par lui, Redzepi, dont le livre Noma publié par Phaidon va s'arracher dans sa version française, on en fait le pari, comme des petits pains… danois. Alors qu'écrire pour se rapprocher, du coup, de l'original ?
Le fish'n potatoes de la première fois
A l'origine, quand on a croisé Redzepi, on ne l'a pas aimé. C'était en 2006 à Deauville. Il était l'invité de l'Omnivore Food Festival [que dirige l'auteur de cet article, ndlr] et personne, vraiment personne, ne s'arrêtait sur son chemin pour lui adresser la parole.
Entre Ducasse, Bras, Adrià et toute une bande de jeunes loups français, le petit bonhomme danois – 1,65 mètre à vue de toise – rasait les murs au point de sembler aussi drôle qu’eux. Il ne souriait pas, disait à peine bonjour, se gardait même de dire qu’il comprenait et parlait le français. La première envie fut de le renvoyer en charter direct vers Copenhague. C’était ça le prodige danois !
Et puis il est monté sur scène, devant plusieurs centaines de chefs venus sonder pour la première fois la cuisine internationale. Lui, tout petit sur l’immense plateau, s’est mis à cuisiner un truc à l’intitulé surprenant de simplicité : fish