Un cocon, comme un utérus. Mais tout blanc. Des coussins mous. Des miroirs de-ci de-là. Une musique douce répétitive. Juste quelques projections de lumière jaune, orange et rouge. L'atmosphère est délibérément sous-stimulante. «C'est une pièce à être», explique la suédoise Katti Holfin, responsable du département enfants de la Maison de la culture de Stockholm.

Une pièce à être ? En fait, une déconcertante installation proposée depuis aujourd'hui à l'Institut suédois de Paris. Intitulée «Noll till ett - les douze premiers mois» (1), elle invite à «rencontrer» son bébé une heure durant dans cet espace dénudé. On y pénètre les pieds nus, «cela rend humble et aide à mieux s'ancrer dans le sol». Seul un parent est admis, pour favoriser le tête-à-tête et prévenir le bavardage. Privés de toutes tentations le couple parent-enfant est censé arrêter le temps, cesser de s'agiter, se découvrir, interagir une heure durant… A la sortie, chaque parent est invité à laisser une lettre que l'enfant pourra ouvrir le jour de ses 10 ans.

«J'ai eu cette idée quand, en 2007, un rapport du médiateur des enfants a démontré qu'un tiers des tout-petits Suédois passait à côté de la "phase de connexion", en clair que le lien avec les parents ne se faisait pas vraiment. Une catastrophe nationale, comme vous dites», déroule Katti Hoflin. De mon côté, je voyais bien que dans notre espace bébé de la Maison de la culture de Stockholm, les gens devenaient de plus en plus