Ce qui caractérise un whisky, c’est souvent son côté tranchant. Certains sont des coups de kriss de Gurkhas dans le gosier, d’autres sont affûtés comme des sabres d’abordage qui vous tracent des boutonnières dans l’estomac. D’où la nécessité de les arrondir, d’en polir les aspérités, de bien les élever pour en étouffer l’aspect chenapan lanceur de coutelas, tout en gardant la virilité gaillarde du breuvage écossais qui est sa première caractéristique. Les Balvenie ont toujours réussi ces noces compliquées entre le sauvage et le raffiné, le direct au foie, jamais très appuyé, et le style élégant avec lequel il est décoché. Et, comme on pouvait s’y attendre, pour suivre la mode des vieux whiskies dans laquelle se lancent les marques l’une après l’autre, la maison Balvenie vient de lancer un single malt de 40 ans d’âge.
Dates. Commençons par faire des envieux. La bouteille de 75 cl vaut 3 500 euros. Seuls 150 flacons ont été mis en vente sur le marché mondial et la France n'en recevra que… 10. Les Balvenie se distinguent par une note de miel, bien soulignée lors du passage en bouche. Cette fois, elle est plus légère, plus estompée dans un mélange complexe où l'on repère des épices, peut-être de la cannelle, de la muscade et, nous assure le maître de chai, David Stewart, des notes «de fruits frais, de chêne, de raisin, noix, dates et de caramel beurré». A dire vrai, la nuance de «caramel beurré» nous a échappé. De la finale, on retient la glissa