Je suis femme de ménage dans un hôtel. Pas un palace, loin s’en faut. C’est juste l’un de ces établissements que l’on trouve à la périphérie des villes. Propre, confortable mais très ordinaire. Cela dit, la nature de l’hôtel ne changerait pas grand-chose à mon propos. Car pour vous, ce ne sont que quatre murs où vous allez dormir lors d’une halte dans une semaine de travail ou lors d’une pause sur la route des vacances. Pour vous, je suis la plupart du temps invisible. Au mieux, je suis une ombre dans un couloir derrière le chariot des piles de draps ou passant l’aspirateur dans l’entrebâillement d’une porte. De toute façon, comment pourrait-il en être autrement ?
Évier. Je m'explique : l'autre matin, j'écoutais la radio en déjeunant avant d'aller travailler. Il était question de l'affaire DSK et de la femme de ménage. Je ne sais plus comment elle s'appelle mais la journaliste qui était à New York disait d'elle qu'avant cette histoire, elle était inconnue, la femme de chambre, qu'elle n'avait jamais fait parler d'elle. Alors là, j'ai failli m'étrangler avec ma tartine. Je me suis dit : «Ils sont formidables les journalistes, ils utilisent les mêmes mots pour cette femme que lorsqu'ils parlent d'un voleur de Mobylette ou d'un gars qui s'est battu un samedi soir à la sortie d'une boîte de nuit et dont ils disent qu'il était inconnu auparavant des services de police.»
En rangeant mon bol dans l’évier, je me suis dit que j’en connaissais un rayon au chapi