Chez les gens aisés, la mode est au «fait maison», mais par autrui. Un concept contradictoire qui donne le sentiment illusoire de savoir faire quelque chose. La petite entreprise Le Vert à soi propose une décoration végétale de fenêtre. Qu'est-ce à dire ? «S'approprier le rebord afin de pouvoir faire naître un lieu de verdure opulent et raffiné en s'imprégnant de votre univers intérieur.» Le sujet de l'appropriation est ambigu : Marion Bartel a l'idée de venir chez les gens poser des jardinières et leur faire pousser des plantes qui leur ressemblent, en fonction de la pièce, des couleurs, des goûts du propriétaire… Le résultat magnifique n'a rien de stéréotypé, mais cette singularité censée refléter un talent personnel est créée par autrui. Pour un prix qu'elle ne dévoile pas, Marion Bartel assure ensuite, ou pas, l'entretien des végétaux.
De même, on cuisine un gâteau au chocolat - super facile -, sauf qu’en réalité, on a acheté les ingrédients déjà mélangés, non pas vulgairement par l’industrie, mais par Marlette, par exemple, deux sœurs blondes qui vendent des préparations bio, pour pâtisseries, apéritifs, pains variés, crêpes, blinis, le tout agrémenté de sel de l’île de Ré. On rajoute les ingrédients frais qui manquent, et les amuse-gueules délicieusement artisanaux font croire qu’on a cuisiné soi-même ses biscuits apéritif et son pain.
Pour la pâte à crêpes, c'est rigolo, ce qu'on achète, est la seule farine, oui, mais d'épeautre, délicieuse. De Quiberon à Poiti