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«Notre credo : gagner du temps»

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Nicole, retraitée, bénévole pendant douze ans :
publié le 1er juin 2011 à 0h00

Nicole, fonctionnaire parlementaire à la retraite depuis un an, est membre de SOS Amitié depuis 1988 et a été écoutante pendant douze ans. Elle raconte cette écoute particulière, au cours de laquelle il ne faut ni porter de jugement, ni donner de conseils, ni être directif. Ni psy, ni copain, ni association d’urgence.

«Lors de nos tranches de quatre heures d’écoute, on a à peu près tous les cas de figure : ceux qui appellent tous les jours plusieurs fois, qu’on appelle les dépendants. Des personnes âgées, très seules, des gens atteints de maladies mentales, en nette hausse depuis que l’hospitalisation de jour les laisse démunis le soir. Ceux qui entendent des voix, des gamins qui parlent d’inceste ou de scarification, des femmes violées ou battues. Si elles nous appellent nous, et pas SOS Femmes battues ou la police, c’est parce qu’elles veulent juste parler et qu’on les écoute. Idem pour les dépressifs ou ceux qui ont un problème de drogue ou d’alcool : ils n’ont pas appelé les lignes spécialisées (Fil Santé Jeunes, SOS Dépression, etc.). Alors on leur pose des questions, on leur suggère d’appeler tel ou tel numéro. Il y a aussi beaucoup d’appels sur le chômage, la dépression, la solitude, et notamment le parent isolé. Et l’appel suicidaire parfois : si quelqu’un est sur le bord de la fenêtre, on lui dit de descendre d’abord, ensuite on se parlera.

«Parfois il est trop tard. Ça m'est arrivé. Cela s'est passé il y a longtemps, c'est pour ça que je le raconte, sinon on n'évoque