Un homme marche dans la rue, tête baissée, c'est Noël. Il rentre dans une cabine téléphonique, tombe sur Anémone, col blanc, veste noire, qui lui lâche un «allô SOS Détresse Amitié bonjour, je vous écoute», sur le ton de «j'ai un peu autre chose à faire, aussi». «Allô je ne vous entends pas», braille-t-on des deux côtés du combiné. «Ch'uis au bout du rouleau», dit le type, un revolver collé sur la tempe. «Qu'est-ce que je dois faire ?»«Appuyez sur le bouton», lui répond Anémone… Le gars se tire une balle, et ça fait une scène culte du Père Noël est une ordure. Dans ses bureaux modestes, près de Nation à Paris, ça fait bien rire aussi Daniel Boissaye, le président de l'association SOS Amitié, médecin et directeur d'un labo pharmaceutique à la retraite qui prépare d'arrache-pied le 14e congrès de SOS à Saint-Etienne (1). Thème central : «Lien et solitude, la relation humaine en question.» L'occasion de célébrer les cinquante ans de l'association, fondée par un pasteur anglican, Chad Varah, frappé par le suicide du fils adolescent de son meilleur ami. Convaincu qu'il aurait pu le sauver s'il avait pu lui parler, il passe une annonce dans le journal : «Avant de vous suicider, appelez-moi : Man 9 900.» En France, un pasteur, un rabbin et un homme d'affaires humaniste reprennent le concept et SOS Amitié naît à Boulogne en octobre 1960. Au début, l'association est destinée aux suicidaires, à tous ceux que per
SOS Amitié : écoute toujours
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par Emmanuèle Peyret
publié le 1er juin 2011 à 0h00
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