Quand on a demandé à Thierry, proviseur de collège de 58 ans, ex-directeur de sections d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa), qui a commencé éducateur à la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse), s'il lui était arrivé de franchir la ligne jaune, il a nié, balayant l'hypothèse comme la pire offense. Puis, après deux verres, il nous a avoué la vérité. «J'ai toujours triché, à tous mes examens, sans exception.» Shocking.
Tout a commencé dans une colère noire : Thierry n'a pas 10 ans, mais sous la menace d'une punition corporelle devant ses camarades de classe («ils nous tiraient les petits cheveux au niveau des oreilles»), il balance son encrier trois couleurs à la face du hussard noir de l'école Villiers, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Double peine, humilié en public et privé de sport du jeudi. Avril 1962, Thierry jure sa vengeance : désormais, il volera tous ses examens. Dont acte, le roi de l'antisèche valide ainsi chaque étape jusqu'au bac. Pas stressé pour un sou, il se présente en histoire-géo le cartable garni de 300 antisèches rédigées sur chaque couleur de brouillon. Ce jour-là les feuilles sont jaunes. «Tout doit se faire en deux minutes pendant la distribution des sujets. L'astuce, c'est de multiplier les grands gestes sur sa table, sortir discretos la bonne antisèche, la glisser dans la copie et hop, c'est gagné. Après, vous pourrez toujours accuser le surveillant de vous faire perdre votre temps à confondre un brouillon a