Changer de regard sur les addictions, ça ne se fait pas en un clin d'œil. Mais c'est la démarche à laquelle invitent tous les professionnels des dépendances réunis par la Fédération française d'addictologie (FFA), le week-end dernier à Paris. Objectifs prioritaires : ouvrir un débat de société qui sortirait du petit cercle des spécialistes, et donner des pistes au législateur sur la base de propositions (une centaine, compulsées dans un Livre blanc) destinées à créer un cadre approprié aux enjeux d'aujourd'hui. Grosso modo, le secteur est passé en quelques décennies de «la lutte contre l'alcoolisme et la toxicomanie» à la prévention et à la prise en charge des addictions, ces «maladies individuelles en lien avec les pratiques sociales de consommation», énonce la FFA.
Une addiction avec produit (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, drogues de synthèse, etc.) ou sans produit (jeux d'argent, sexe, sport, etc.) fonctionne en réalité sur les mêmes ressorts. Elle s'inscrit dans un parcours, un contexte, et s'installe. C'est pourquoi les professionnels souhaitent interroger l'ensemble de la société sur sa propre dimension «addictogène». Comme une prise de conscience. Leur credo : nos modes de vie incitent «à toutes les consommations et/ou à la recherche du plaisir individuel, et ne facilitent pas l'apprentissage du contrôle des impulsions». Une réflexion que partage Cynthia Fleury (1), enseignant-chercheur en philosophie politique (au Muséum national d'histoi