Si c’est toujours les femmes qui se cognent la corvée de supermarché, c’est parce qu’elles le veulent bien. Bien sûr, elles prétendent le contraire. Mais en réalité, il se pourrait même qu’elles y trouvent certains plaisirs. Voire, soient complètement accros au pouvoir que leur confère cette responsabilité sur les autres membres du foyer. Non, ces affirmations ne sont pas extraites du compte rendu d’une réunion de sénateurs sur l’égalité hommes-femmes ni d’une conférence d’Eric Zemmour sur l’avenir du couple en France. Elles sont issues des constats faits par une équipe de chercheurs français qui ont étudié nos comportements face à cette tâche ménagère ancestrale qu’est l’approvisionnement du foyer. Et qui, même si elle est mieux partagée que d’autres (ménage ou repassage, par exemple), demeure très largement une prérogative de la femelle.
Les mater dolorosa du chariot
Sur 400 pages de «petites histoires extraordinaires des courses ordinaires» (1), ces sociologues et spécialistes en marketing et comportements de consommateurs décortiquent, entre autres, la perpétuation de la différenciation sexuelle face à un chariot de supermarché. Eric Rémy, l'un des coauteurs, parle de «l'ambivalence assez caractéristique de la période postféministe actuelle». De fait, les résultats de ces enquêtes font plutôt mal au féminisme qui est à l'intérieur de nous. Les femmes aiment-elles faire les courses ? Non. Isabelle Barth et Blandine Anteblian, qui ont codirigé cet ouvrage, sont formelles. Pour 94% des