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Libération
Critique

L’argent ne fait pas le Breton

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Tirelire. A Rennes, une exposition analyse les rapports compliqués qu’entretient la Bretagne avec ses sous.
publié le 28 juin 2011 à 0h00

C'est dur à dire mais les Bretons seraient aussi radins que les Auvergnats. Si, si. Certes, l'expérience de la grande pauvreté n'incite guère aux dépenses mais le fait est là. Selon l'édition du Télégramme de Brest daté du 28 février 2009, les habitants de la péninsule, avec en moyenne 7 172 euros placés sur leurs comptes (hors livret A) et au total 53 milliards d'euros mis à gauche en 2009, sont «les rois de l'épargne» en France. Et, précise le journal, «seuls les Auvergnats font jeu égal».

Flambeur. Voilà l'un des enseignements de l'instructive exposition installée jusqu'au 30 octobre au musée de Bretagne à Rennes et qui interroge les relations très paradoxales entre «Les Bretons et l'argent», de l'Ancien Régime à nos jours. Car, si le Breton est radin, il peut tout autant se révéler généreux et même flambeur. Suffit de songer au célèbre trader Jérôme Kerviel, passé de Pont-L'Abbé, au cœur du pays bigouden (à la légendaire réputation d'avarice), aux hautes sphères de la finance, avec les malheurs que l'on sait - notons toutefois que l'argent avec lequel il jouait n'était pas le sien, pas fou le Bigouden. Le souci d'économie en Bretagne n'en va pas moins très loin, instituant dans les écoles, pour bien former les jeunes esprits au poids de l'argent, «un carnet d'épargne scolaire».

Il serait faux toutefois de ne garder du Breton que l'image du paysan misérable proche de ses sous. Et l'exposition du musée de Bretagne est là pour nous