Ce midi-là, un ancien flic, aussi curieux des gens qu’amateur de bonne chère, était de passage à Marseille. L’occasion de tester une adresse intrigante. A en croire la devanture, un simple caviste (1), avec quand même pas mal de très belles références : Dagueneau (Loire), Lapierre (Beaujolais), Graillot (vallée du Rhône), Guillemot-Michel (Maconnais), etc. Mais derrière la boutique, dans un jardin caché, un restaurant. Décor charmant, produits à la hauteur. Ce fut agneau et moussaka pour le flic, cochon ibérique pour le gratte-papier, et givry 2009 du domaine Joblot, cuvée Pied de Chaume, pour tout le monde. Un vin de la côte chalonnaise jeune et friand, plein de fruit, à vous donner envie de croquer dans le verre (c’est une image).
On était tombé amoureux du pinot noir, le cépage des rouges bourguignons, quinze ans plus tôt, un soir d’ivresse près de Beaune. Un ami avait préparé une soirée avec un négociant, un courtier et un vigneron, propriétaire d’un petit domaine. Le rendez-vous se tenait au fond d’un restaurant qui pratiquait la «régalade» : le chef prépare les plats et chacun des convives apporte les vins qu’il veut boire, ou faire goûter. Chacun avait son petit panier, c’était coquet.
A tour de rôle, ils ont débouché les bouteilles. Le rythme était vif. S’agissait pas de mollir, juste de penser à recracher de temps en temps, sous l’œil un peu méprisant du vigneron qui, lui, avalait tout. Avec le négociant, la rivalité est vite montée. Le courtier essayait de concilier