Le phénomène cosmétique de l’été est le déploiement des vernis à ongles, du jaune à l’anthracite en passant par le vert anis et la tendre goyave, sans que cette émancipation des nuances soit réservée à un groupuscule de meneuses grunge ou neopunk.
Tout le monde s'y met, sauf les hommes. Les plus audacieuses s'autoriseront à dissocier chromatiquement les deux mains, à condition d'éviter les rouges, difficiles à harmoniser et qui connotent cette saison une bourgeoisie aux griffes molles. Ensuite, on passera aux paupières qu'on fardera différemment à droite et à gauche, et telle Anna Karina qui abaisse un store puis le remonte dans Une femme est une femme de Jean-Luc Godard, on enverra un signe, mais lequel ?
Explosion des ventes - plus d’un million de nouvelles consommatrices en 2010, salon qui lui est consacré durant plusieurs jours, prix oscillant entre 4 et 30 euros, la folie-vernis est indéniable et transcende les classes. Contrairement à la plupart des autres gestes cosmétiques, en général fort coûteux, il a l’avantage de se présenter comme une fantaisie esthétique accessible à toutes, démocratique et transgénérationnelle. Femmes vernies, unissez-vous !
Un bémol immédiat : pour l’avoir tenté et toujours raté, on est bien placé pour savoir que la manucure est un art difficile qui nécessite du doigté, ne jamais faire la vaisselle ni de château de sable, ne pas passer la serpillière à l’eau de javel, et prendre le temps d’enlever la laque soigneusement au dissolvant, c