Elle croise et décroise ses bras, se tient sur une jambe, puis l'autre. Cache son visage fin dans ses longs cheveux châtains. Confie se sentir «un peu trop visible», avoir «envie de s'effacer» dès que les regards se posent sur elle. Parachutée sur la scène du théâtre de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement de Paris, Lilla, 21 ans, s'est inscrite à un stage de prise de parole en public. Pendant trois jours, elle et les sept autres participants vont apprendre à s'affirmer, à ne plus craindre le regard des autres, à se tenir droit, à savoir s'opposer «sans esprit de compétition, et sans jugement». La démarche n'est pas aisée. «J'ai dû me donner un coup de pied aux fesses, confie Lilla, car même en famille, même pour cinq minutes, je ne peux pas parler en public.»
«Verticalité».«On ne peut pas faire tomber ses inhibitions en trois jours, juste les assouplir», précise l'organisatrice, Nadia Baji. Comédienne et metteure en scène, elle anime depuis plus de vingt ans ce type de stages hybrides, entre technique théâtrale et expression corporelle. «Le corps dit beaucoup sur ce que l'on ressent», aime-t-elle à répéter. Des épaules renfrognées, des regards inlassablement tournés vers le sol, des jambes contractées, une transpiration excessive… Autant de symptômes récurrents chez les participants. Alors Lilla, Sophie, Isabelle, Mariam, Abdoulaye, Christophe, Annabella et Dominique appre