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Sous le signe des poisons

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Toxique . Entre anecdotes et grande histoire, de Socrate à l’ex-espion Litvinenko tué en 2006, Joël Lévy sort le roman noir des substances diaboliques.
publié le 18 juillet 2011 à 0h00

Que serait l'histoire, des bagues mortelles au parapluie bulgare, des potions magiques aux injections létales, des pointes de flèche aux attentats au sarin, sans les poisons ? La médecine ou la science sans poison ni toxine ? Shakespeare sans le poison ? Les sorcières, les célébrités empoisonneuses ou empoisonnées, de Socrate et Agrippine à Darwin ou La Voisin ? Peut-on imaginer meurtres politiques et sombres affaires d'espionnage sans boulette empoisonnée ou «dioxine Seveso» ? Substance naturelle ou chimique, qui drogue ou qui tue, qui soigne ou qui ensorcelle, angélique ou diabolique, indissociable d'un nombre incalculable de crimes sordides et de suicides d'anthologie, le poison est partout. L'Histoire du poison (1) de Joël Lévy, qui vient de sortir, est à la fois une encyclopédie très documentée et un roman, un polar avec des stars, du crime, des espions façon James Bond, des nazis qui échappent à leurs juges d'une petite capsule de cyanure. «Rien n'est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison», ainsi parlait Paracelse au début du XVIe siècle, médecin visionnaire et considéré comme le père de la toxicologie. Multiforme, foudroyant ou très lent, à inhaler, toucher, avaler, il s'appelle gaz moutarde, capsule de cyanure, fèves de calabar, herbe du diable, sarin. «Dans l'imaginaire populaire, écrit Joël Lévy, il est associé à la magie et aux mythes, aux mondes des sorcières et des chamans.» Aujourd'hui, «il a