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Libération

Un prénom dans son genre

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Etat civil. Une enquête du sociologue Baptiste Coulmont retrace l’histoire des «petits noms» et explore les tendances culturelles qu’ils charrient.
Comment t'appelles-tu? (Q.G.)
publié le 25 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 25 juillet 2011 à 8h46)

Il s'appelle Baptiste. Famille catholique pratiquante ? Du grec «baptizein», un verbe signifiant «administrer le sacrement chrétien». On connaît le personnage Jean-Baptiste pour avoir annoncé et baptisé le Christ. Entre 1940 et 1970, personne ne s'appelle Baptiste. Puis leur nombre explose, avec un point culminant dans les années 2000. Mais on observe depuis quelques décennies une baisse sensible des prénoms liés au christianisme : voilà ce qu'on apprend, entre autres, dans Sociologie des prénoms (1), fraîchement paru sous la plume de Baptiste Coulmont, âgé de 37 ans et chercheur enseignant à Paris-8 en sociologie, avec derrière lui un opus sur les sex-shops et une thèse sur les églises protestantes qui marient les homosexuels. Bien loin des stupides définitions des traits de caractère selon les prénoms (les Jean-Marc, des aventuriers au tempérament fougueux, les Isabelle, toujours en quête de perfection et je t'en passe), Sociologie des prénoms balaie leur histoire, leur évolution, l'affectif qu'on y met (celui du papy ou du premier enfant mort). L'auteur a travaillé sur des archives, des statistiques et a conduit moult entretiens. Il enquête aujourd'hui sur le changement de prénom (référence faite à l'affaire qui s'est déroulée à Pau il y a quelques mois du jeune Johnny qui a préféré s'appeler Karim, son deuxième prénom).

Bref, le prénom n’est pas anodin, évidemment, mais il a des tas de choses à révéler - en plus du marqueur de milieu social, qu’on a appr