L'autre soir, le téléphone a sonné. La voix de Michel : «Tu sais quoi ? Je suis là sur le quai du métro à Saint-Michel, et tu sais à quoi je pense ?
- Non.
- Aux framboises mon gars. T'es allé voir si elles étaient mûres ?
- Quelles framboises ?
- Ben, celles du bois de la Crochère, nigaud. T'habites à côté, et c'est moi qui te le rappelle sur mon strapontin de la ligne 4.
- Oh, pardon monseigneur, mais je ne suis pas Jacquou le Croquant. Je ne vais pas m'installer au milieu des bois pour surveiller tes framboises. Et puis t'as qu'à rappliquer. Je t'attends toujours depuis l'automne. On devait aller aux cèpes. T'es jamais venu.
- OK, OK pour les champignons. Mais dis-moi, pour les framboises, t'étais pourtant bien content d'y aller autrefois. Il y avait autant de Mireille, de Daphnée, de Chloé, et j'en passe, que de framboises, myrtilles, fraises des bois à aller cueillir.
- Allez baste, laisse courir tes histoires de baies sauvages et de jeunes filles en fleurs. Elles sont mariées, divorcées et remariées depuis un bail tes frangines de fugues buissonnières. Et tes potes de l'époque aussi, ils sont plus souvent devant Meetic qu'à chercher les pieds-de-mouton…
- Justement, tu devrais les rencarder. Va voir quand les framboises seront mûres, sonne le rappel, et on débarque.
- T'es pas un peu zinzin. On va pas la jouer Rendez-vous dans dix ans.
- Si justement,