Et dire que tu m’avais promis une belle-mère. Et dire que je m’apprêtais à rencontrer l’ex-femme de ta vie, mon amour.
Et dire que j’avais anxieusement égrené silencieusement mon curriculum de belle-fille idéale. Mes diplômes, mes frères et sœurs. Ça ne m’avait guère convaincue, mais je me préparais à sa rencontre comme à un examen et tout ce que la vie avait laissé couler sur moi me paraissait devoir compter.
Tu m’avais mise en garde : le fait que nous nous soyons triplement étrangers, que toi, le Libanais, tu sois tombé amoureux d’une Française au Japon, était nécessairement suspect. Et par-dessus le marché, je t’avais demandé en mariage à peine six mois après t’avoir pour la première fois embrassé. Ce coup de foudre apparemment n’excusait rien. Plus je comprenais que nous n’avions respecté aucune des règles non écrites qui régissent les mariages au Liban, plus mon petit psychisme d’occidentale en déduisait que pour t’avoir, il allait falloir en découdre sérieusement. Alors, quand je suis arrivée sur le tarmac de Beyrouth, épuisée par vingt heures de vol depuis Tokyo, saisie par la crudité de cette lumière, j’ai serré les dents, ta main et me suis préparée à affronter une semi-tragédie méditerranéenne.
Je n’ai vu qu’une absente, et je n’ai rien compris.
Après deux journées où, bercés par un décalage horaire bienvenu qui nous épargnait l'analyse, nous avons tourbillonné entre les oncles, les tantes et les lieux à visiter, il a bien fallu que tu lui avoues que nous allions nous