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portrait

La poissonnière d’Olinda

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Portraits d’ailleurs (11/13). UN AUTRE REGARD. Depuis trois ans, Libération et l’Association pour l’aide aux jeunes auteurs (Apaj) organisent un concours de reportages sur le thème du voyage réservé aux moins de 30 ans, parrainé par Erik Orsenna. Nous publions treize de ces rencontres nomades : belle mère libanaise, cycliste perdu, homme oiseau… Ces «portraits d’ailleurs» sont illustrés par des étudiants en art.
par Adrien Barbier
publié le 13 août 2011 à 0h00

«Vous venez d'où ? De France ? C'est loin ça ! Et le Brésil, ça vous plaît ? Comment s'est passé le carnaval ?» Voici grosso modo l'interrogatoire auquel on se soumet quotidiennement, achetant des ananas à la découpe dans la rue, s'accrochant pour ne pas tomber malgré les soubresauts du bus ou commandant une bière bien fraîche au bar. Les gens ont la parlotte facile et deux gringos qui déambulent dans les banlieues de Recife ça intrigue. C'est ce qui rend le Brésil si chaleureux et qui explique pourquoi le monde entier trouve que les Parisiens sont trop austères, trop pressés, trop français.

Cette fois-ci, la rencontre s’est produite à la poissonnerie. Rien qu’en la voyant au milieu de toutes ses dorades, on l’adore déjà. Quand on voyage, on pense souvent à sa mère. Du coup, on saute sur n’importe quelle occasion pour identifier une figure maternelle. Les jours de pluie comme aujourd’hui, ça réconforte.

Schlak : le poisson qu'elle nous a choisi n'a déjà plus de tête. Il tire sur le rouge mais ce n'est pas un rouget. La cuisson le montrera. Elle l'écaille avec ce qui ressemble à un instrument de torture, un bout de bois surmonté de quelques clous. Très ingénieux ! En deux secondes, l'affaire est réglée et le poisson dans le sac. Je revois mon père galérer pour sa soupe ô combien sacrée dont la recette nous vient de la tante Jeanne, qui prérequiert deux bonnes heures d'écaillage, puis deux autres bonnes heures pour se décailler soi-même. «Alors, pour la cuisson, tu