Menu
Libération
Portrait imaginé (3/10)

«Je ne suis pas un homme politique»

Article réservé aux abonnés
Le monologue intérieur, facétieux et fallacieux, de Dominique de Villepin.
publié le 19 août 2011 à 0h00

Des Monologues très fictifs. Pour cette série d'été, Libération s'est aventuré dans les têtes de dix présidentiables français et leur a prêté des monologues intérieurs totalement fantasques, facétieux et fallacieux. 

Je pressens que la côte n’est pas loin. Pourtant d’où nous sommes, les murs d’eau sont notre seul horizon - il n’y a plus d’horizon. Les vagues, qui cet après-midi léchaient notre navire, le recouvrent maintenant tout à fait. Scélérates, je vous coucherai sur le papier si Dieu me prête vie ! Alors vous ne serez plus debout. Immortelles, vous deviendrez immobiles et, asséchées comme des vieilles filles, ne connaîtrez plus de l’eau que le ruisselet d’encre qui vous contiendra à jamais. Alors je serai grand, et je n’aurai plus peur. Pour l’heure mes mains glissent sur le gouvernail, je prie le ciel pour que nous filions dans la bonne direction, nous avons tant de vies à vivre encore, quand soudain, le phare, la Lumière, la Vie ! Eric, mon matelot, mon frère, ne vois-tu rien venir ? Eric ! Eric ?

Ce rêve, encore. Plus réel que la réalité même. Fantômes d’écume et de sel, quand cesserez-vous de peupler mes nuits ? La lune est pleine. A travers mes paupières noyées de sommeil, je reconnais ma chambre, je suis dans mon lit, enfin, je crois. Sur ma peau, les draps sont tendus comme des voiles. Dessous, le sommier grince, et j’ai les membres gelés. Que n’ai-je pu le réanimer ce soir-là ? Serait-il par