Parlons de vin, donc de culture et de politique. Trois cépages qui, assemblés, font en réalité un grand cru que la France a récemment appris à apprécier d’un œil neuf. L’année 2004 fut à ce titre un millésime crucial, quand le film « Mondovino » de Jonathan Nossiter, présenté au Festival de Cannes, dévoila au grand public le puissant mouvement d’uniformisation et d’américanisation des vins. Le phénomène s’incarnait en une seule et même figure : Robert Parker, critique tellement puissant que des vignerons avaient fini par produire des vins taillés sur mesure pour lui complaire et décrocher de bonnes notes dans ses guides, leurs bouteilles atteignant du coup des prix stratosphériques sur le marché mondial. Les bordeaux étaient les plus touchés : d’un rouge profond, extrêmement charpentés et lourds, ils ressemblaient tous à une marmelade de fruits rouges aromatisée au bois de chêne. La « parkérisation » des vins triomphait en écrasant l’histoire, les terroirs, les savoir-faire anciens, et devenait un exemple particulièrement inquiétant des méfaits de la mondialisation. D’où, en retour, une prise de conscience de la fragilité de cet objet culturel qu’est, au même titre qu’un livre ou un film, une bouteille de vin.
C’est aussi cette histoire que raconte notre supplément, conçu en commun par « Libération » et « La Revue du vin de France » : celle d’hommes et de femmes qui se battent pour prouver qu’un autre vignoble est possible. Plus authentique, plus naturel, plus personnel. Trav