C’est la fin de la saison et Jean-Pascal a mal au dos. Dans son Domaine de Bernou, il a accueilli avec sa femme Sophie des hôtes tout l’été. Leur propriété - nichée au cœur d’un joli Lot-et-Garonne vallonné, près d’Agen - compte vingt-cinq hectares de prés et de bois, de cavernes et de sources. Ce couple de quasi-quinquas réalise à cette période les trois quarts de son chiffre. Pas de quoi, selon eux, faire fortune. Juste assurer la pérennité de l’entreprise. Ça fait seize ans qu’ils font le job. Et leur demeure vaut le détour : grandes chambres spacieuses à la déco soignée, escalier de bois, tableaux choisis. Tout ça pour un prix raisonnable.
Le soir, Sophie mitonne des repas pris en commun avec les hôtes sur la table de la cuisine. Quand on est passé, c'était carpaccio, joue de bœuf sauce moutarde et légumes de saison. «Un jour, j'avais fait du lapin, un monsieur m'a dit : "Je suis pas venu ici pour manger ça"», s'amuse Sophie. Il aurait voulu du canard, mais du canard, Sophie, elle en a marre. A table, les proprios racontent volontiers les gens qui se plaisent, ceux qui râlent et se croient à l'hôtel. Il y a cette dame qui n'en finissait plus de ne pas s'en aller : elle est restée vingt et un jours. Ils sont intarissables sur «Madame Ronchon» qui se plaignait de tout… même de son linge qui ne séchait pas assez vite. Elle a fini par oublier sa culotte noire sur le fil. C'est devenu un trophée au château. Jean-Pascal avoue que sa mémoire n'imprime plus les