Allez, ce soir, planquez vos poules, canards, veaux, vaches, cochons. On est de sortie pour la grande bouffe. On a les crocs, les vrais. Pas une fringale de 5 à 7, un en-cas de pisse-froid, une tocade de morfal, une demi-portion de ramasse-miettes. Non ce soir, on engloutirait un chapon, un cochon de lait, un canard gras. Bref un bœuf. Il nous faut du gîte, du cuissot, du jarret, de la poitrine. Et que ça saute. Sortez la poêle, le barbecue, le tournebroche, le gril, la sauteuse, la rôtissoire. Faut que ça saigne, que ça grille, que ça fricasse, que ça rôtisse, que ça grésille, que ça saisisse, que ça gicle !
Viandards, nous ? Oui, si ça veut dire qu’on aime les belles bêtes et les morceaux les plus goûteux, les plus sensuels qu’elles nous procurent. Mais n’allez pas croire que l’on va s’en foutre jusque-là tous les soirs. Une poignée de fois par mois, pas plus, on s’offre ainsi une belle tranche d’Aubrac, un beau morceau de porc fermier de la Sarthe, une belle cuisse de poulet de Bresse. Jamais plus. Sinon, on verserait dans le compulsif du steak haché et des nuggets.
Sainte-Bidoche. Et puis le filet mignon, la hampe, le rognon, ça se mérite. D'abord en allant mâter la chose sous le nez du boucher. Car la bonne bidoche, ça se renifle, ça se caresse du regard, ça se soupèse des papilles. «Pour moi, la viande, c'est le toucher, le rouge, le moelleux, du sensoriel pur», écrit Brigitte Liberman, boss chez L'Oréal et fille de boucher. Elle égraine ses sou