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Libération

Bonnes bouteilles et coteaux suisses

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publié le 30 septembre 2011 à 0h00

Elle marchait devant d’un pas de montagnarde avec son précieux sac à dos. A l’intérieur, cela tintait comme une promesse. Je la suivais en m’arrêtant de temps en temps, pour respirer ce bon moment. Les odeurs méditerranéennes, les lézards et les scarabées sur ces murs de pierres sèches, ouvrages cyclopéens qui retiennent ici les terrasses de vignes sur des coteaux abrupts. En bas dans la vallée, un sillon freluquet, le Rhône. Cela ressemblait à la côte-rôtie, mais c’était le Valais, en Suisse, et je suivais Marie-Thérèse Chappaz qui nous amenait déjeuner dans une ancienne guérite de vigneron où l’on sert désormais une belle entrecôte de race d’Hérens. Des vaches aux belles cornes et à la viande fondante comme un fin gras du Mézenc. Ici, ils la font cuire sur des ardoises brûlantes et posent dessus un joli beurre d’ortie. L’essayer, c’est l’adorer.

Avant d’arriver à table, il y a eu cette étape délicieuse. J’avais soif et j’étais heureux de cette ballade avec Marie-Thérèse Chappaz, qui m’intimidait tellement au départ. Je ne connaissais que ses liquoreux, et ce surnom qu’elle abhorre, «papesse des vins suisses». Elle défend l’idée qu’une appellation se construit collectivement. Un peu avant midi, on a trouvé un petit coin à peu près plat, et elle a pu vider son sac. Elle avait dedans des petits flacons contenant ses vins.

Il faudrait un entier journal pour détailler tous les plaisirs de cette dégustation. Ces cépages indigènes. Païen, cornalin, humagne, amigne, ermitage, arvine