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Critique

Ma tante, une vie

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Gage. Créé en 1637, le mont-de-piété sauve la mise aux pauvres et aux flambeurs. Pour la première fois, une exposition raconte son histoire.
publié le 4 novembre 2011 à 0h00

Ça commence par un grand homme. Un vrai, un dévoué. Médecin, journaliste, philanthrope : voici Théophraste Renaudot (du moins sa statue), né en 1586 à Loudun (Vienne), mort en 1653 à Paris. Un original qui préféra les soins par les plantes aux ventouses, fonda la Gazette, hebdomadaire précurseur de la presse écrite moderne, et incarna sans modération son rôle de «commissaire aux pauvres du royaume» sous Louis XIII. Sur l'île de la Cité, à Paris, il dispensa des «consultations charitables», fonda en 1630 un «Bureau d'adresses», ancêtre de l'ANPE, et surtout, en 1637, le premier mont-de-piété. Bref, Ma tante, c'est lui. Lui encore, forcément, le clou de l'expo que le Crédit municipal de Paris organise pour la première fois sur son passé, dans ses immenses bâtiments du 55, rue des Francs-Bourgeois.

Là, sur 300 m2, à l'écart des 700 Parisiens qui, chaque jour, viennent mettre en gage des biens (colliers, montres…), l'histoire de l'institution défile jusqu'à la Première Guerre mondiale. Une histoire chaotique. Caricaturée (par Daumier, Gavarni), narrée (par Balzac, Hugo, Gaultier…), chantée («Lorsque j'ai pas le sou, je porte ma tocante chez ma tante, Lorsque j'ai pas le sou, je porte ma montre au clou…). Total ? De longues décennies d'existence au service des démunis, mais aussi des flambeurs. Comme le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, joueur invétéré qui mit sa montre en gage pour honorer ses dettes. Et baratina