Il faisait soleil ce jour-là sur ses vignes enherbées, tâche verte dans un océan de terres brûlées, en Anjou. J'avais fait, quelques jours plus tôt, la connaissance d'Olivier Cousin, pour un reportage sur le retour de la traction animale dans les vignes. Avant de repartir, après de belles côtes de bœuf dégustées sous un arbre, il m'avait confié les rênes et la charrue : «Tu ne vas pas écrire sans avoir pratiqué.» Les heures suivantes furent délicieuses. Le cheval avançait bonhomme, le soc s'enfonçait en souplesse dans une terre devenue mousseline à force d'être travaillée. Depuis, les beaux cabernets francs me rappellent le soyeux de la terre et l'âpre droiture du paysan.
Hélas, Olivier Cousin a de sérieux soucis. Parce qu’il considérait que les cahiers des charges devenaient trop laxistes, il a quitté en 2005 l’appellation d’origine contrôlée (AOC) «Anjou». S’est mis en «vin de table», ce qui offre beaucoup d’indépendance, de liberté, mais interdit de nombreuses mentions sur les étiquettes. Pas le droit par exemple d’indiquer la région où le vin a été produit, afin de ne pas «nuire» aux vins qui restent en AOC. Un comble lorsque l’on sait que les «vins de table» deviennent de plus en plus souvent le refuge de vignerons travaillant proprement, avec un souci d’exprimer le terroir dans leurs vins, loin de certains crus d’appellation standardisés.
Olivier Cousin aurait pu en rester là. Mais, comme il voulait témoigner «qu'il existe une autre viticulture» dans sa