Ces deux-là, ça fait un moment qu'ils se bécotent dans un couloir du métro. On est sous la gare du Nord, un matin, à l'heure de la grande affluence. Il y a du monde partout et, pourtant, nos deux tourtereaux ignorent la Terre entière tant ils mettent du cœur à l'ouvrage à s'en rouler une. Et que je te bise, que je te cajole, que je te baisote, que je te caresse, que je te câline, que je t'étreins, que je t'enlace et j'en passe au milieu de la foule. Que la ligne 5 soit ralentie «pour cause de régulation du trafic», comme le dit le haut-parleur, que le train en provenance d'Amiens ait une demi-heure de retard, ils s'en foutent, les amants de la gare du Nord. Ils ont une belle santé nos amoureux qui, à eux deux, ne doivent guère avoir plus d'un demi-siècle. Mais c'est pas tout ça, il faudrait bien quand même aller au turbin.
Alors, on les observe tentant, une première fois, de se quitter. Ils s’éloignent d’abord de quelques centimètres, se mangent des yeux, mains dans les mains, puis s’étreignent à nouveau. C’est du sérieux leur petite affaire. On parierait bien notre pass Navigo qu’ils vont se chauffer encore une fois après s’en être allés à reculons d’une poignée de mètres. Et ça ne loupe pas. Les voilà qui se collent à nouveau une dernière fois pour la route. Un baiser sonore et puis s’en vont, en tournant les talons. A ce petit jeu-là des amoureux épatants que l’on débusque dans l’espace public, on a toujours appliqué la même grille d’observation en les regardant s