Allez-vous croire qu’un bon gin, ça tient parfois à pas grand-chose ? Par exemple à un sandwich au concombre mastiqué devant… une roseraie. C’est pourtant ce casse-croûte peu digeste qui provoqua, en 1966, chez Charles Gordon, le quatrième du nom dans une longue lignée de maîtres distillateurs (à ne pas confondre avec le célèbre général qui dirigea l’armée anglaise au Soudan et fut massacré à Khartoum par les derviches du Mahdi), une révélation aussi fulgurante que transcendante.
A savoir que l’humble herbacée rampante de la famille des cucurbitacées pouvait fort bien, une fois distillée, se marier avec l’infusion d’alcool de grain et de plantes botaniques qui nous donnent le gin. Et que les pétales de roses aperçus en mâchonnant le bourratif sandwich, une fois distillés eux aussi, pouvaient encore apporter du goût à la décoction.
Armurerie. Et voila Charles Gordon qui achète deux anciens alambics, le Carter-Head et le Bennet Still, et se lance dans l'aventure au fond, dit-on, d'une armurerie écossaise. Le Hendrick's est le résultat de ce mélange artisanal pour le moins incongru, et si nous en parlons aujourd'hui, c'est parce que les gins premium font un retour en force au détriment de leurs frangins bon marché, qui, eux, forcent souvent sur le genièvre, et de la vodka.
Dans les années 50, le gin était un alcool populaire. D'où son surnom de «mother's ruin». «S'il a perdu beaucoup de terrain, c'est notamment à cause de la vodka, poussée par la publ