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Vignes de front

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Alternatifs . Tarabassié, portugais bleu, plant de la gueuse… Des vignerons luttent contre la standardisation des arômes en ranimant la flamme des cépages inconnus.
publié le 18 novembre 2011 à 0h00

L’intitulé pouvait laisser craindre un colloque poussiéreux. Un rendez-vous pour vieux messieurs obsessionnels. Au fin fond de l’Aveyron se tenaient, à la Toussaint, les premières Rencontres des cépages modestes. Ce fut passionnant, parfois même passionnel. Vignerons, chercheurs et amateurs de vin réunis dans un couvent, à Saint-Côme-d’Olt, pour méditer sur les variétés de raisin oubliées dans l’ombre des grands cépages internationaux. L’affaire avait été montée par l’éditorialiste Philippe Meyer, un gourmand, avec de jeunes amateurs de bon vin. L’idée, explique-t-il, est venue voilà quelques années, lors d’une célébration de grands pinots noirs en Bourgogne. Pourquoi, s’était-il demandé, ne pas plutôt ranimer la flamme du cépage inconnu ? Défendre ces variétés modestes, qui ne se poussent pas du col ? Et permettent d’échapper à la standardisation des goûts.

Puiser. L'enjeu est simple à résumer. Le conservatoire national d'ampélographie de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) conserve précieusement 2 300 variétés différentes de cépages, sur les environ 6 000 qui existent dans le monde. Sur ces 2 300, seules 318 sont inscrites au catalogue tenu par le Comité technique permanent de la sélection (qui dépend du ministère de l'Agriculture). C'est là que les vignerons ont le droit de puiser leurs plants destinés à la production. Et sur ces 318 variétés agréées, seule une vingtaine (cabernet-sauvignon, viognier, chardonnay, syrah, pinot, merlot…) p